L’investisseur américain et principal soutien du Club Africain, Fergie Chambers, a publié un long message sur sa page Facebook officielle, abordant plusieurs sujets sensibles concernant le club de Bab Jedid.
Parmi les points évoqués figurent sa relation avec le président Heikel Dkhil, ainsi que sa contribution financière au sein du club.
Voici la traduction intégrale de sa publication :
J’ai essayé – sincèrement – de rester mesuré dans mes propos publics. Être transparent, oui, mais aussi discret, surtout lorsqu’il s’agissait de parler directement des autres.
J’ai fait tout mon possible pour éviter les drames, les mises en scène, et les interventions sur les affaires internes. Mais il est temps d’être clair.
Des critiques indirectes m’ont visé, moi et mon entourage, et la désinformation s’est largement répandue. Des milliers de personnes m’ont demandé la vérité.
Je dois maintenant parler pour défendre mon intégrité – et celle du club.
Commençons par ceci :
j’ai donné à ce club bien plus que ce que j’avais initialement accepté.
Je l’ai fait volontairement, avec espoir et conviction.
L’été dernier, on m’a sollicité – par l’intermédiaire de contacts – pour venir en aide au club à un moment critique.
J’espérais créer un véritable partenariat d’affaires, mais on m’a dit que seule une opération de sponsoring serait envisagée.
À ce moment-là, je ne possédais même pas d’entreprise implantée en Tunisie, donc ce sponsoring ne m’apportait aucun retour concret.
J’ai néanmoins accepté, car je croyais au potentiel du club et je voulais faire partie de quelque chose de grand.
Je voulais contribuer à un projet porteur de sens.
Grâce à Dieu, les choses avançaient. On m’avait dit qu’avec un investissement de 2,5 millions de dollars, toutes les dettes seraient réglées et que le club serait qualifié pour la Ligue des champions. Ce montant devait couvrir tous les besoins.
J’ai accepté de bonne foi. Depuis, on m’a demandé à plusieurs reprises « un petit effort supplémentaire » – à chaque fois avec la promesse que ce serait la dernière fois et que toutes les dettes seraient alors réellement réglées.
On m’a même dit qu’un jour, on érigerait une statue à mon effigie. Cela me fait sourire. Ce n’est pas pour cela que je suis ici.
Jusqu’à présent, j’ai investi 5,2 millions de dollars – plus du double du montant initial – et pourtant, le club affiche aujourd’hui un déficit budgétaire proche de 10 millions de dinars, sans même parler des dettes accumulées ou des renforts nécessaires pour la saison prochaine.
Les joueurs de plusieurs sections n’ont pas touché leurs salaires ni leurs primes depuis des mois – malgré leur lutte pour les titres.
Le personnel n’est pas payé, les soins médicaux sont insuffisants, la sécurité est désorganisée, les infrastructures délabrées.
En décembre, j’ai envoyé 1,5 million de dollars comme avance sur mon soutien contractuel, et j’ai ajouté 200 000 dollars de ma propre initiative pour couvrir les salaires des sections féminines de volley-ball et de handball pour le reste de l’année. Pour moi, négliger les femmes est une honte.
Elles n’ont pas reçu ces fonds et sont toujours sans salaires depuis l’hiver.
Lorsque j’ai exprimé mes inquiétudes, le président et ses proches ont attaqué ceux qui m’avaient informé du détournement de ces fonds.
En réponse, on m’a attribué un poste symbolique à la tête du comité de développement des sports collectifs.
Mais lors de la première réunion, l’unique point à l’ordre du jour était une nouvelle demande de financement de ma part.
Depuis, j’ai essayé d’orienter ce comité vers une véritable gouvernance, en vain.
Durant tout ce processus, je n’ai jamais eu de vision claire ni sincère des finances du club – jusqu’à ces dernières semaines, lorsque j’ai enfin pu échanger directement avec certains membres du bureau, après en avoir été empêché pendant des mois. Pendant ce temps, le président disait aux joueurs et au staff que c’est lui qui m’avait fait venir – et que je partirais s’il partait.
Ce n’était pas vrai. Les joueurs ont été trompés. On leur a promis des primes non versées. On leur a dit qu’ils ne seraient payés qu’en cas de victoire.
À plusieurs reprises, j’ai demandé à remettre moi-même les primes – après les matchs contre le club sportif sfaxien et le Stade Tunisien – mais on m’a dit d’attendre.
Cette semaine, j’ai remis des primes à certaines sections, par solidarité, car je refuse désormais de verser un seul millime supplémentaire sans une restructuration claire.
J’ai proposé d’organiser un match caritatif avec une équipe de réfugiés et d’étudiants palestiniens vivant en Tunisie, mais j’ai été ignoré.
Face à la détérioration de la situation, j’ai demandé l’arrivée d’un cabinet d’audit, avec des conseillers techniques, et à être impliqué dans les prises de décisions – mais là encore, j’ai été ignoré.
Il y a deux semaines à peine, on m’a informé qu’un nouvel entraîneur allait être nommé.
J’ai demandé un délai de quatre jours, jusqu’à la réunion prévue.
Deux jours plus tard, j’ai appris sur Facebook que la nomination était faite.
Je n’avais ni été consulté, ni même informé. Ensuite sont arrivées les rumeurs : de fausses réunions, des avocats fictifs que je n’ai jamais contactés (comme Kamel Ben Khalil, que je ne connais pas), des menaces sur mon séjour en Tunisie, des allégations selon lesquelles je chercherais à devenir président.
Absurde. Aucun enregistrement ne m’a mis en colère. Aucune réunion n’a eu lieu au Lac.
Des personnes proches de moi – supporters, amis – ont été harcelées, filmées, menacées.
Sami Kaddour a été violemment attaqué, simplement pour avoir contesté certaines décisions du président.
Dimanche, le président, assis derrière une vitre dans la loge des médias, a quitté le match de football prématurément.
Moi, je suis resté, puis j’ai assisté au match de basket – notre équipe, impayée, se bat pour deux titres.
J’étais le seul membre de l’administration présent, avec le chef de section, Sami Kaddour.
Ce soir-là, de nouvelles rumeurs ont circulé au sujet de l’entraîneur.
J’ai dit au président qu’il fallait laisser l’entraîneur tranquille jusqu’à la fin de saison, et que lui, le président, devait démissionner. Il n’a pas répondu.
Le lundi, j’ai appris qu’une réunion s’était tenue – encore une fois, à mon insu – pour discuter de l’entraîneur et d’autres sujets. J’y suis allé malgré tout.
J’ai déclaré publiquement et clairement que je ne soutenais plus ce président.
Il m’a ordonné de partir..Je suis parti. Puis je suis revenu et j’ai répété que je ne travaillerais plus avec lui, ni avec quiconque dans le bureau qui le soutient.
On m’a dit que je « manquais de respect ». Que « le club est plus grand que moi ». Bien sûr qu’il l’est.
C’est justement pour cela que je parle. Ce n’est pas étrange d’exiger des comptes quand on voit des millions de dollars mal gérés.
Ce n’est pas anormal de réclamer un audit, un nouveau modèle, de la transparence.
Ce n’est pas honteux de révéler ces faits publiquement – cela ne nuit pas à l’âme du club.
Ce qui est honteux, c’est ailleurs : chez ceux qui font des promesses non tenues, qui utilisent joueurs et entraîneurs comme boucs émissaires, qui harcèlent les critiques, qui abusent de leur position.
Je suis venu ici pour un projet sportif ambitieux, pas pour des deals obscurs, pas pour de vieilles institutions, ni pour des intrigues de palais.
Le système du club est conçu pour maintenir l’emprise d’un cercle restreint, bienveillant ou non, enraciné depuis longtemps.
Les statuts rendent l’arrivée de sang neuf presque impossible.
Je ne suis pas ici pour créer des problèmes, mais pour bâtir un projet sportif porteur, et soutenir des programmes utiles en Tunisie avec toute mon énergie.
Les personnes les plus intègres de Tunisie, y compris au sommet de l’État, luttent contre le clientélisme et la corruption hérités du passé.
Ce combat doit s’étendre au sport – la passion de toute une nation.
D’autres associations y parviennent avec succès. Si ce système ne peut changer, et que je ne suis pas le bienvenu, alors je peux me retirer.
Mais s’il existe une chance de bâtir quelque chose de nouveau – transparent, professionnel, intègre – alors je suis pleinement engagé.
Bâtissons quelque chose de meilleur.
Que moi, le personnel, le bureau, les supporters, les anciens joueurs – tous ceux qui sont sincères – formions un nouveau comité, une nouvelle structure.
Je veux un poste défini, lié à un conseil élu. Je ne suis pas l’expert.
Je n’ai pas toutes les réponses.
Je ne veux pas tout le pouvoir. Je ne peux pas tout décider. Je veux protéger mes contributions, et avoir confiance qu’elles sont entre de bonnes mains.
Et je remercie le public de croire en mon instinct – car ils savent que je ne cherche ici que la victoire, et le respect des joueurs et des fans.
J’ai toujours aimé les New York Mets. Ils ont souffert des décennies de mauvaise gestion, croulant sous les dettes, vivant dans l’ombre du grand club rival.
En 2020, un nouveau groupe est arrivé, a nettoyé le système. L’an dernier a été leur meilleure saison depuis longtemps.
Aujourd’hui, ils sont en tête – avec une toute nouvelle culture.
Cela a pris du temps, des changements humains, administratifs.
J’ai exposé mes solutions en neuf points la semaine dernière. Nous pouvons y arriver.
Nous pouvons organiser des élections.
Pour les ouvriers qui aiment ce club.
Pour les joueurs, surtout ceux qui ne reçoivent ni gloire ni projecteurs.
Avec amour, Fergie
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