Football – L’exemple français sera-t-il le bon plan pour la Tunisie ?

Alors que la France a décidé de suspendre définitivement ses championnats pour la saison 2019-2020, la Fédération Tunisienne de Football (FTF), quant à elle, s’enfonce désormais dans une incertitude et un flou qui inquiètent de plus en plus les acteurs du secteur sportif en Tunisie. 

Aujourd’hui, la Ligue de Football Professionnel (LFP) a mis fin officiellement aux Championnats de Ligue 1 et de Ligue 2. Du coup, le PSG, 1er du classement général, a été officiellement désigné champion de France. La Ligue 1 ne reprendra pas face à l’épidémie de coronavirus. Et si la Tunisie devait impérativement en faire de même ?  

En fait, la ministre auprès du chef du gouvernement chargée des Grands Projets, Lobna Jeribi, qui a dévoilé hier lors d’une conférence de presse la stratégie gouvernementale de confinement ciblé qui prendra effet dès le 4 mai prochain, n’a pas fait le point sur les activités sportives, mises à l’arrêt depuis un bon moment. Un indice qui n’ajoute que du flou à la scène sportive. 

La santé avant tout 

Pendant cette crise sanitaire, c’est bien évidemment que le foot n’est plus la priorité, le plus important c’est l’état de santé de tout le monde. Il n’y a pas que le jour du match qui inquiète, il y a aussi la question des entraînements. On a vu que, dans certains clubs étrangers, comme le Bayern Munich en Allemagne, on faisait des mini-groupes de deux ou trois pendant les séances. On ne peut pas tout dénaturer à 100%.. Et puis il y a le vestiaire, la salle de soins. Vous imaginez tout ce qu’il faudrait mettre en place pour que ce soit cohérent ? Une cinquantaine de personnes sont en contact quotidien dans un espace assez restreint. Même les joueurs, les entraîneurs, les arbitres, les ramasseurs de bal, les journalistes, les dirigeants et les agents de sécurité seront en contact direct avec leurs familles et leurs proches. 

Combien de gens doivent mourir en jouant au football avant que cela devienne gênant ? Un joueur ? Un membre de staff en soins intensifs ? 

La FTF insiste 

Alors que la Fédération Tunisienne de Football (FTF) a interdit la reprise des entraînements collectifs en répondant à l’Espérance Sportive de Tunis et au Club Africain, le président Wadii Jarii est sûr de reprendre les championnats. Le patron du foot tunisien a indiqué, depuis quelques jours, que la FTF a élaboré un projet de reprise des championnats des Ligues 1 et 2 et des Ligues amateurs (niveaux 1 et 2) et régionales ainsi que les dispositions à prendre en cas de retour de la compétition. 

Pour Jarii, et en cas d’approbation des autorités concernées, la reprise progressive le 30 avril des entraînements sous forme de petits groupes et le retour aux entraînements collectifs le 4 ou 18 mai pour la Ligue 1 avec un possible retour des matches officiels le 28 mai à huis clos alors que les entraînements des clubs de la Ligue 2 reprennent le 11 ou le 26 mai, sinon la saison sera reprise au mois d’août. 

Ces scénarios sont accompagnés, selon la FTF, de plusieurs mesures à prendre telles que la réduction du nombre des personnes dans les matches officiels, la désignation de stades bien déterminés pour le déroulement des rencontres et la prise de toutes les mesures sanitaires qu’il faudra avec les joueurs, les staffs techniques et administratifs. 

Dans le même contexte, la Fédération de foot a commencé à distribuer des masques de protection de haute qualité pour ses salariés et l’ensemble des membres des ligues régionales et nationales qui lui sont affiliées. 

“Ces masques, au design unique et conformes aux normes stipulées dans le cahier des charges émis par le ministère de la Santé, seront également mis gratuitement à la disposition des autres Fédérations nationales, clubs sportifs et des institutions publiques ” peut-on-lire dans un communiqué de la FTF. 

Y aura-t-il un champion ? 

Jusqu’au présent, la Fédération n’a pas indiqué les règles à appliquer en cas d’arrêt du championnat pour force majeure. 

Selon l’article 27, “Pour les cas de force majeure, ou les cas non prévus par les présents règlements, ou en cas de participation d’un club à une finale continentale ou zonale, le Bureau Fédéral est seul habilité à désigner les dates de rattrapage des rencontres reportées ou de modifier le calendrier général.” 

60 millions de dinars dans le vent  

Et si la Tunisie devait impérativement suivre la France ? Il est primordial de noter que la suspension définitive de l’activité footballistique en Tunisie jettera forcément une ombre sur le plan économique. Pas seulement les équipes qui seront affectés par la crise financière, mais aussi la FTF qui va pour sa part perdre une somme de 7 millions de dinars selon le contrat de droits TV qui le lie avec la Télévision Tunisienne. 

Nous sommes tout d’abord d’accord que le football n’est pas seulement un loisir, mais plutôt une économie, une industrie et une affaire sociale. En effet, l’arrêt définitif de la saison sportive pourra causer des pertes financières estimées à 60 millions de dinars, selon le président Wadii Jadii.  

La décision de suspendre la saison sportive 2019-20 fera sans doute froid dans le dos vu qu’elle aura des répercussions négatives sur près de 50.000 personnes parmi les employés et les contractuels de la fédération tunisienne de football. 

Il est toujours important de mettre l’accent sur la nécessité de trouver les solutions adéquates dans tous les secteurs et les parties concernées à présenter des propositions pour limiter l’impact de la pandémie du coronavirus. 

Autrement dit, il en est à se demander qu’à ce stade, avec bien trop d’interrogations à beaucoup de niveaux (conditions d’entraînement, risques de blessures pour les joueurs, risques de propagation du virus…) avec en plus la perspective d’évoluer dans des enceintes vides, n’est-il pas vraiment le temps d’arrêter les frais ? En France, et après les directives du gouvernement néerlandais, la Ligue 1 2019-20 a été définitivement stoppée. La saison ne comptera pas. Le PSG a été sacré champions de France. Et l’OM et Rennes se qualifient en Ligue des Champions, Lille en Europa Leauge. Et Toulouse et Amiens sont relégués alors que Lens et Lorient sont promus en Ligue 1. A situation exceptionnelle, la France a donc décidé de ne prendre aucun risque. L’exemple à suivre impérativement ?