Le nageur tunisien en eau libre, Néjib Belhadi a battu un nouveau record le 1er novembre dernier, après avoir parcouru une distance de 155 kilomètres en 47h50 autour de l’île de Djerba.
Belhadi (68 ans) a commencé son circuit vendredi 30 octobre à huit heures et demi du matin pour pulvériser son propre record inscrit au Guinness Book en nageant 155 Km autour de Djerba en 47 heures et 50 minutes.
Le grand nageur a accepté de répondre aux questions de Tunisienumérique avec une vive satisfaction. Bonne lecture.
TN : Félicitations pour votre dernier exploit. Pouvez-vous nous en parlez ?
NB : C’était vraiment un grand exploit ! J’ai eu comme objectif de battre le record qui concerne la distance parcourue et je l’ai fait Dieu merci. J’ai commencé ma course le vendredi 30 octobre 2020 à partit du port de Ajim dans la belle île de Djerba avant de regagner le Point de Départ à El Kantara reliant Djerba et Zarziz après 47 heures, 50 minutes et 11 secondes en longeant les côtes de l’île sans arrêt. C’était un peu difficile puisque j’ai rencontré un fort courant d’air à mon départ suite à un retard de 6 heures au coup d’envoi, mais grâce à mon expérience j’ai pu le battre pour continuer mon circuit. J’ai été guidé et ravitaillé toutes les heures par un bateau soutenu à son tour par la Garde maritime et de la Protection civile sous le parrainage du Gouvernorat de Médenine conjointement avec la Délégation de Ajim. J’ai réussi à battre un record de prestige, d’ailleurs L’organisation mondiale “Eau Libre WOWSA” a donné son feu vert pour cette tentative ainsi que son grand appui comme étant un des plus rares grands défis mondiaux ! En effet, la WOWSA accorde pour ce marathon toute l’attention et tous les mérites qu’il faut : l’observation, la reconnaissance, l’enregistrement, la promotion et la médiatisation ainsi que le couronnement.
Pour moi le but était d’honorer le drapeau de notre pays. Quand j’ai quitté l’eau pour retrouver le sol j’ai dit “Oui je l’ai fait ! J’ai réalisé la plus longue distance en eau libre”.
TN : Comment vous avez préparé votre circuit ?
NB : J’ai bien préparé mon parcours sur le plan physique. J’ai fait de bon exercices de natation en eau libre et je tiens à remercier plusieurs hôtels à Bizerte, Hammamat, Sousse et Djerba qui m’ont ouvert leurs portes pour m’entraîner. Ils ont fait ça gratuitement dans le but de promouvoir l’image do pays.
TN : Quel est le secret de votre forme et celui de votre force ?
NB : C’est grâce à l’entraînement sans doute ! Je suis un programme bien détaillé qui me permet de maintenir ma forme physique. D’autre part, le régime alimentaire est très important. Il faut suivre des consignes alimentaires strictes loin du tabac et d’autres trucs qui peuvent nuire à notre santé.
TN : Quelle est la part du mental dans la réussite d’exploit ?
NB : C’est une très bonne question. Le mental est très important autant que le physique ! Il y a un certain tandem physique-mental qui ont des relations étroites, ils sont tous les deux nécessaires pour gérer et générer la forme. Le Mental avec ses valeurs, sa force douce et son goût du challenge avance, le Physique suit d’une limite à une autre qu’on découvre au fur et à mesure, si on arrive au seuil du ‘’c’est fini je n’en peux plus’’ c’est en fait une nouvelle ligne de départ. Plus les facteurs déterminants des deux sphères s’accordent aux exigences de l’objectif (par exemple : nager plus loin et plus vite en mer glaciale) ainsi que celles de la discipline, plus la réussite sera sûre. Il y a aussi un autre secret. C’est la détermination. Je suis l’enfant de l’institution militaire nationale qui m’a aidé à maitriser cette qualité.
TN : Avez-vous des ambitions particulières concernant le futur de votre carrière ?
NB : Honnêtement je n’ai pas d’objectifs précis et je ne vise pas à faire ça juste pour faire connaître mon nom. Tout ce que je fais c’est pour mon pays. Via le sport je veux passer beaucoup de messages, le plus omniprésents est l’image rayonnante de la Tunisie à travers les médias et les réseaux sociaux : c’est un nageur Tunisien qui a réussi à battre un record, on voit le drapeau tunisien flottant. C’est toute une fierté pour moi.
TN : A quel âge pouvez-vous penser à mettre un terme à votre carrière ?
NB : Quand j’ai fait le dernier circuit à Djerba à l’âge de 68 ans, je me sentais mieux que la première fois que j’ai nagé en eau libre à 42 ans. Donc je veux continuer ma carrière puisque je suis en bonne santé.
TN : Comment planifiez-vous votre quotidien de nageur ?
NB : Le café du matin est sacré pour moi. Je commence ma journée avec un café dans le quartier où j’habite et je fais du sport. Le sport fait partie de mon quotidien, je me soucie de ma santé et de ma forme physique donc tout ce que je fais est lié au sport.
TN : Devez-vous suivre des consignes alimentaires strictes et d’autres restrictions particulières ?
NB : Le système alimentaire est très important pour moi en tant que sportif et tout sportif doit faire très attention à ce qu’il mange. Personnellement je prends souvent un repas préparé par ma femme qui est riche en huile d’olive, raisins et figues secs. Notre cuisine tunisienne est assez riche en plats dont un athlète a besoin. Il y a le Couscous, le Lablabi et d’autres repas qui sont importants. J’ai visité plusieurs pays et j’ai participé dans plusieurs compétions où j’ai essayé des produits et des liquides apportés par les organisateurs afin de maintenir la forme physique mais je dis que la cuisine tunisienne reste toujours la meilleure.
TN : Le sommeil est-il important ?
Absolument ! Le nageur doit faire attention aux heures de sommeil puisqu’il y a un rapport direct entre le sommeil et la forme physique. Il devra bien organiser sa somnolence dans l’eau. Dans une course qui dure plusieurs heures, on doit faire une somnolence de quelques minutes. C’est vrai qu’elles ne sont que quelques minutes mais elles peuvent remplacer des heures de sommeil afin de continuer à nager pendant plusieurs heures.
TN : Pratiquez-vous d’autres sports ?
NB : En fait la natation en eau libre est un sport complet et riche par excellence, je m’en félicite, une grande passion qui prend le temps qu’il faut. C’est elle qui m’a conduit à la pratique des protocoles spirituels et physiques qui invitent à la sérénité, le calme, la concentration, la relaxation, la respiration éducative. La nage me donne tout puisque contient plusieurs bienfaits d’autres sports ,donc c’est suffisant pour moi.
TN : Quel message porteriez-vous pour les jeunes qui sont hésitants à se lancer dans une carrière de nageur?
NB : Je veux dire aux jeunes et également aux enfants, faites ce que vous aimez et ce que vous avez choisi avec amour. Je m’adresse aussi aux parents pour laisser leurs enfants faire ce qu’ils veulent sans intervention. Les parents ne doivent pas obliger leurs fils à faire ce que les parents voulaient faire eux -même. Arrêtez de mal investir dans vos enfants, chaque génération a ses ambitions et ses rêves.
Je suis en train de lancer un projet au profit des enfants qui n’ont pas les moyens d’aller à la piscine ou sans piscine dans leur région. Ils constituent 99 % de la population des enfants en Tunisie. La mer, les lacs sont la solution. Le travail avec les enfants est très passionnant, dans leurs yeux on voit l’avenir de la Tunisie. Mon projet “Ouma” pour les enfants consiste à aider ces enfants à pratiquer leur loisir avec des moyens simples. Je l’ai inscrit dans l’Encyclopédie de l’Eau Libre de la WOWSA. J’ai un objectif personnel : atteindre 10000 Enfants dans 30 sites côtiers, aux lacs des barrages et aux diverses marres (Birka) du sud Tunisien. Le principe est simple : pas de sélection ni d’exclusion, tous les enfants sont concernés soit pour apprendre à nager soit améliorer leur talent, avec un programme d’accompagnement au sec durant l’hiver.
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