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Mondial-2022 – Messi, Di Maria et les autres: Rosario, pépinière de cracks argentins

Mondial-2022 – Messi, Di Maria et les autres: Rosario, pépinière de cracks argentins

La passion locale, les terrains de fortune, une féroce émulation entre clubs et peut-être un peu de magie? Pour des raisons jamais vraiment élucidées, Rosario (nord) est de longue date une pépinière de “cracks” du football argentin, Messi et Di Maria étant ses derniers représentants en date.

De Killy Gonzalez à Javier Mascherano, de Gabriel Batistuta à Giovanni Lo Celso, les “Rosarinos” et “Santafesinos” abondent au panthéon de l’Albiceleste, qu’ils soient nés ou aient éclos dans la 3e ville d’Argentine, grand port céréalier à l’orée de la pampa humide, à 300 km de Buenos Aires, ou dans sa province (Santa Fe).

Idem d’entraîneurs emblématiques: Cesar Luis Menotti, coach du titre mondial 1978, Marcelo Bielsa, Gerardo Martino (à la tête du Mexique au Qatar), Mauricio Pocchetino… Jusqu’à Lionel Scaloni lui-même, entraîneur de la sélection depuis 2018, originaire de Pujato, un village à 35 km de Rosario.

Ce fourmillement, ces “générations spontanées” fascinent. Nicolas Gallieri, un journaliste sportif leur a consacré en 2019 un livre -“Rosario, berceau de cracks”- où il recense une cinquantaine de grands joueurs passés par Rosario, et examine les possibles raisons.

“Gerardo Martino le relevait, dans cette région de pampa fertile, naissent des garçons bien constitués physiquement. C’est un point important. Ensuite, il y a une tradition locale de grands entraîneurs qui canalisent ce flux. Il y a aussi des éléments du développement physique, via les nutriments, la nourriture, des animaux propres à la région (d’élevage), bien qu’il y ait ici de la pauvreté”, explique-t-il à l’AFP.

– Bien nourris, bien encadrés –

Jorge Griffa, un “pape” rosarino de la formation, international des années 50-60 devenu entraîneur de jeunes, acquiesce. “Dans cette région il y a une bonne alimentation, mais aussi beaucoup de familles saines, encadrantes, deux choses très importantes pour le développement d’un jeune garçon”.

Griffa, 87 ans, qui contribua à structurer la formation locale dans les années 70, a déniché au fil des ans Bielsa, Batistuta, Valdano… Il raconte que, de temps à autres, il prélevait un veau dans son propre troupeau, pour venir complémenter l’alimentation des jeunes de son club, Newell’s Old Boys. Ou l’asado comme partie du cursus…

A nourri cette passion, aussi, l’historique et farouche -parfois violente- rivalité entre les deux grands clubs de la ville, les “Lépreux” de Newell’s et les “Voyous” de Rosario Central, aux stades de 40.000 places distants d’à peine 5 km, et dont chaque clasico (le premier en 1905) fait de Rosario une ville morte.

En son coeur, Messi, du haut d’une fresque géante (70 m) dévoilée fin 2021 sur un pan de gratte-ciel, semble regarder au loin, de l’autre côté du fleuve Parana, à moins qu’il ne scrute pour chercher des “potreros” (littéralement = pâturage), ces terrains de fortune à mi-chemin entre terre battue et herbe jaunie, qui se font rares.

La prolifération des “potreros” était une caractéristique de Rosario, cette “ville à l’âme de village”, selon Galliari, mais “la culture se perd”. A la fois à cause de l’expansion du bâti, mais aussi de l’insécurité -Rosario, point névralgique de la drogue, est la ville la plus dangereuse d’Argentine. Or ces terrains “ont été l’une des grandes bases pour tant de talents, où les garçons ont commencé à se former”.

– Un titre pour les unir tous –

C’est le cas d’Angel di Maria, qui bien avant ses débuts à 17 ans en 1re division avec Rosario Central, trimbalait dès l’âge de 4 ans ses longues jambes de “flaco” (maigre) sur le terrain pelé du Club Atletico El Torito, au nord de la ville, où de nos jours une pelouse soignée et une fresque à l’effigie du joueur de la Juventus accueille le visiteur.

Messi, lui, a suivi un parcours à la fois plus “académique” et météorique, des équipes de jeunes de Newell’s, dès 7 ans, jusqu’au premier contrat à Barcelone, à 13 ans. Plus de 20 ans après, son passage continue d’alimenter des rêves.

“Beaucoup d’enfants viennent parce qu’il a joué ici, et qu’il est resté fan du club”, explique à l’AFP Joaquin Batista, un jeune entraîneur de catégories 6-12 ans. Et dès qu’un gamin sort du lot, “la première chose c’est d’essayer que ne lui vienne pas à l’esprit qu’il est Messi. Non pour briser son rêve, mais pour qu’il garde l’envie de progresser”.

Rosario est depuis longtemps fière de son apport au football argentin, et qu’au Qatar l’Albiceleste “compte deux représentants illustres, un de chaque club”: l’ex-Newells Messi, et l’ex-Rosario Di Maria, souligne Batista. Qui rêve “de voir la grande avenue du Monument au Drapeau exploser de gens en maillots ciel et blanc”, rivaux de toujours unis dans la joie d’un Mondial remporté par deux “Rosarinos”.

Source: Agence France-Presse.

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